Publiée le 15 mai 2017 par Mouvement PRO Chrysotile
Dans le contexte du développement durable et responsable des ressources naturelles canadiennes, il est essentiel de jeter un regard nouveau et constructif visant à valoriser les résidus miniers accumulés dans nos régions après plus de 130 ans d'extraction minière.
Développement local, réduction de la consommation d'énergie, réduction du parcours des matériaux et deuxième vie des substances sont des tendances incontournables. L'utilisation de techniques optimales à faible impact sur les collectivités environnantes permet tous les espoirs.
Pour ce faire, il faut remettre la science au centre de la prise de décision et aller de l'avant avec des projets de développement économique et de reconversion et diversification industrielle, des projets qui répondent à toutes les exigences et acceptations sociales des communautés.
Notre milieu en est un de travailleurs et d'entreprises qui ont contribué au Québec, au cours des années, à une prise de conscience exceptionnelle dans le domaine de la prévention et de la protection de la santé. Une détermination sans précédent a permis la mise en place de méthodes et pratiques efficaces et modernes pour que notre ressource naturelle soit utilisée de manière contrôlée et responsable. On s'est ainsi donné un milieu de vie et de travail sécuritaire et valorisant.
La présence dans nos régions de centaines de millions de tonnes de résidus miniers de serpentine, vestige d'une exploitation de plus de 130 ans, représente une incroyable possibilité économique post-opérations minières. La présence de métaux et minéraux, comme le magnésium, le nickel, le chrome, le cobalt, etc. est connue et disponible. La valorisation et l'exploitation de ces ressources peuvent devenir fort propices à l'émergence de nouvelles industries créatrices de richesse et d'emplois.
Ce sont des fragments de minéraux solides de taille variable desquels la majeure partie des fibres commerciales de chrysotile ont été extraites par des procédés d'usinage à sec (broyage, tamisage, classification). La granulométrie des résidus dépend du degré de traitement du minerai et peut varier de la taille du poing, jusqu'à des particules plus fines. Ils contiennent principalement de la serpentine non fibreuse, du chrysotile, de la magnétite et du granite.
Ces résidus sont généralement accumulés en tas de forme conique ou autre que l'on appelle haldes de résidus et qui sont situées à proximité des opérations minières.
Pour la région, il s'agit d'une ressource de développement économique qui peut générer une solide activité économique, offrir des emplois de qualité dont les retombées contribueront et apporteront une bonne qualité de vie tout en s'ajoutant à la dynamique économique déjà en place.
Même si les mines ne sont plus en exploitation, de nombreuses connaissances technologiques et scientifiques acquises au cours des années permettent d'utiliser de façon sécuritaire les produits et les dérivés qui peuvent contenir à bas niveau des fibres de serpentine.
Les grands lobbies anti-amiante et ceux qui les supportent n'ont généralement pas d'amis. Ils ont des intérêts. Ils mettent le maximum d'énergie pour influencer les autorités gouvernementales dans tous les pays y compris le Canada. Parfois, ils peuvent réussir. Il ne faudrait surtout pas qu'au Canada s'y ajoute une volonté politique, surtout des ministères ayant l'autorité et la compétence dans le domaine.
Depuis de nombreuses années, le lobby international anti-amiante, en collaboration avec le puissant lobby des bureaux d'avocats de litiges (litigation business) surtout actif en Amérique du Nord et pour qui la représentation des victimes alléguées de l'amiante est une mine d'or, poursuivent une croisade sans relâche pour que l'usage de l'amiante, toutes fibres confondues, soit interdit dans tous les pays du monde. Leur position est sans nuance, ils exigent le bannissement d'usage de tous les produits dérivés ou qui sont susceptibles de contenir des fibres de chrysotile. Le cas échéant, il va sans dire qu'une telle décision aurait des impacts dramatiques pour le développement futur de nos communautés.
Les pays qui ont banni l'usage de l'amiante sur leur territoire, dont l'Union européenne qui l'oblige à ses pays membres, ainsi que quelques autres qui ont banni comme entre autres le Chili et l'Australie, ont de toute évidence de grands intérêts économiques à défendre. Il est bon de rappeler qu'ils participent au lucratif marché des fibres et produits de remplacement au chrysotile. Soulignons au passage qu'ils n'appliquent aucunement leurs discours sur les risques potentiels du chrysotile ─ sans oublier toute une industrie de désamiantage qui ne manque jamais de profiter d'en faire des affaires d'or ─ à ces produits de remplacement qui pour la plupart n'ont pas fait l'objet d'études scientifiques sérieuses quant à leur risque pour la santé ou pour l'environnement.
L'usage contrôlé est la bonne réponse même s'il est plus exigeant; il faut convenir que c'est aussi plus responsable qu'un brutal bannissement, un blocage politique ou un entêtement idéologique.
Bloquer tous projets en lien avec la fibre de chrysotile sous prétexte de protéger la santé peut malheureusement conduire à un sentiment de fausse sécurité auprès du public tout comme si le simple fait de "sur réglementer" constitue une garantie de sécurité pour tous. Avec un tel scénario, on risque de faire fausse route et empêcher toute possibilité de reconversion industrielle à partir de l'exploitation des haldes de serpentine.
Le concept d'usage sécuritaire (controlled use) est bien connu internationalement, il est accepté et appliqué pour une multitude d'autres substances dangereuses et cancérigènes telles la silice, le plomb, le mercure, mais aussi les pesticides, les herbicides, ou autres produits ou substances de toutes sortes ... comment peut-on prétendre qu'il est impossible de l'appliquer dans le cas du chrysotile et des produits qui en contiennent.
Nous utilisons quotidiennement dans tous les milieux industriels et même dans les bureaux et les résidences de nombreuses substances potentiellement mortelles ou cancérigènes. Plutôt que bannir ces produits, nous avons appris à les utiliser de manière sécuritaire. Pourquoi devrait-il en être autrement avec le chrysotile et les produits qui en contiennent.
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a dressé une liste des cancérigènes pour les humains qui recense plus de 100 substances, mélanges et activités. L'amiante y est inscrit (sans distinction entre les différents types de fibres), ainsi que la silice, les contraceptifs oraux, le chrome, les composés de nickel, les rayons X, le chlorure de vinyle, les boissons alcooliques, la fumée du tabac, les poussières de bois, des produits de la fabrication des souliers et des meubles, les émanations provenant des fonderies de l'acier, l'industrie du caoutchouc, la production d'aluminium, les charcuteries, la fumée diesel, etc.
Cette classification du CIRC ne signifie pas que ces substances devraient être prohibées, mais qu'en toute évidence l'approche la plus acceptable et la plus raisonnable c'est nécessairement celle de l'usage sécuritaire et contrôlé.
La classification CIRC se limite à l'identification et à la caractérisation du potentiel. Elle ne fait pas l'évaluation du risque, c'est-à-dire la probabilité que ce potentiel se manifeste dans des circonstances concrètes.
Les entreprises qui manipulent des produits provenant de résidus miniers ou leurs dérivés pouvant contenir des fibres doivent bien sûr s'engager à effectuer le travail de façon responsable et sécuritaire.
L'approche bien contrôlée s'inscrit dans une démarche de développement durable. Il en va de la protection de la santé des travailleurs et de la qualité de vie des communautés.
Les haldes de résidus miniers de serpentine se composent essentiellement de ressources naturelles que l'on peut retrouver un peu partout dans la croûte terrestre. Selon une étude de la Commission des communautés européennes sur la présence dans l'air des fibres, les émissions de sources naturelles sont probablement plus élevées que celles de sources industrielles. Selon les régions, chaque personne respire possiblement de 10 000 à 15 000 fibres par jour et l'eau qu'elle boit peut contenir entre 200 000 et 2 000 000 de fibres par litre. Des personnes se permettent encore malgré cela de déclarer qu'une seule microfibre d'amiante tue, ce qui donne particulièrement à réfléchir sur la façon dont les informations peuvent être interprétées et manipulées.
Si l'on prend en considération les données toxicologiques, la plupart des toxicologues reconnaissent qu'il existe un seuil pour les effets biologiques des fibres d'amiante. De manière plus prudente, les toxicologues préfèrent alors utiliser l'expression : « sous la limite de détection ».
C'est le cas pour l'exposition au chrysotile, comme le révèlent de nombreuses données publiées dans plusieurs études scientifiques. À un niveau d'exposition de 1f/cc ou moins dans l'air, il n'y a pas d'excès statistiquement significatif mesurable de maladies reliées à ce niveau d'exposition. Aucune étude, à notre connaissance, n'aurait été publiée sur une solide base scientifique réfutant cette affirmation. À un tel niveau d'exposition, le risque potentiel pour la santé est si bas qu'il devient, à toutes fins pratiques, non mesurable scientifiquement. Dans un tel cadre, l'exploitation sécuritaire des résidus miniers est tout à fait possible.
Dans nos régions et ailleurs au Québec, on retrouve dans le sol comme dans les haldes, à l'état humide, des matériaux pouvant contenir en proportions variables de fibres généralement emprisonnées ou fortement agglomérées et qui sont difficilement aéroportées. Le potentiel d'exposition des travailleurs et du public aux fibres est, par conséquent, relativement très faible pour ne pas dire inexistant.
De plus, ni au niveau scientifique, ni au plan de la recherche, rien n'incite à croire que les citoyens de nos régions, donc résidant à proximité des anciens puits de mines et des résidus miniers, décèdent prématurément selon une analyse sommaire de la composition démographique des populations des agglomérations de Thetford Mines et d'Asbestos (2011). D'autre part, rien n'indique de manière probante que l'espérance de vie à la naissance de ces citoyens soit significativement différente de la moyenne nationale.
Au Québec, comme ailleurs au pays, le développement économique régional et durable passe par l'exploitation et le développement des ressources disponibles. Le plus grave problème pour la grande région de l'amiante, c'est la difficulté de maintenir des emplois de qualité et d'en créer pour remplacer ceux qui disparaissent.
Voilà pourquoi il faut mettre en place des solutions innovatrices et acceptables en matière de techniques contemporaines d'exploitation et en méthodes et pratiques de travail responsables et partager les connaissances avec le milieu. L'État, les organismes publics, surtout ceux qui ont à veiller sur la protection de la santé des personnes, ne peuvent pas toujours s'objecter sans aller constater ce qui se passe véritablement "de l'autre côté du miroir".
Nos régions disposent de plusieurs atouts pour attirer des investisseurs potentiels : ressources importantes et disponibles, main-d'oeuvre qualifiée et disponible, centres performants d'éducation, centres de recherche, coût de la vie abordable, qualité de la vie, vie culturelle, etc.
Les communautés de nos régions exigent des autorités gouvernementales une intervention positive en faveur de la reconversion, notamment, qu'elles se penchent sur une réglementation raisonnable et objective pour encadrer les travaux à effectuer dans des lieux où sont situés des résidus pouvant contenir des fibres.
Nos régions font face à une croisade des plus féroces et à des résistances énormes dès qu'il est question de l'exploitation des haldes qui contiennent des résidus miniers de serpentine. Et l'annonce récente par le gouvernement fédéral de bannir l'amiante et ses produits ne calmeront en rien leurs velléités destructrices de notre économie et de notre Société.
Il est raisonnable d'accepter la science et ce qu'elle nous enseigne et de comprendre la vérité et les faits. Devant un sérieux projet de développement économique et de reconversion industrielle à la portée de nos régions qui répond aux exigences environnementales et de l'acceptabilité sociale par les communautés, nous espérons sincèrement que le gouvernement n'hésitera pas et démontrera sa ferme volonté de nous accompagner et nous appuyer dans notre démarche responsable et collective. C'est avec impatience que nos communautés attendent la main tendue, celle du gouvernement souhaitant les accompagner.