Posted on April 12, 2018 by Mouvement PRO Chrysotile
Only available in french.
Monsieur Yves Bonnier Viger
Directeur de la santé publique de la Gaspésie et des îles de la Madeleine
144, boulevard Gaspé
Gaspé, Québec
G4X 2W2
Objet : Votre lettre au maire Brousseau.
Monsieur,
J'ai pris connaissance de la récente lettre que vous avez envoyée à monsieur Marc Alexandre Brousseau, maire de Thedford Mines.
Permettez-moi d'y réagir.
D'entrée de jeu, vous lui expliquez votre situation familiale et les conséquences du décès de votre épouse, causé par un mésothéliome.
Tout décès à un si jeune âge, spécialement d'une mère de famille, est catastrophique. Et je suis tout à fait d'accord avec vous à cet égard.
Ceci dit, vous accusez immédiatement « l'amiante» d'être responsable de ce décès. A cet égard, je vous dis mon désaccord total avec une telle affirmation, non démontrée.
Comme médecin en effet, vous avez l'absolue obligation de faire la différence entre les différentes fibres d'amiante, ce que vous ne faites pas. Or, maintes études scientifiques, revues par des pairs, démontrent clairement que la fibre chrysotile dont il est question ici dans nos milieux locaux, ne cause qu'exceptionnellement le mésothéliome.
Les amphiboles, spécialement la crocidolite et l'amosite, en sont en effet presque exclusivement toujours responsables.
Ce seul fait de vouloir toujours parler d'amiante sans faire les distinctions qui s'imposent entre les divers types d'amiante, vous discrédite à mes yeux ( et aux yeux de plusieurs...) du point de vue scientifique.
Bien plus, la science nous dicte que le tiers des cas de mésothéliome n'ont aucun lien avec l'amiante. Il existe bien d'autres causes du mésothéliome, tel le vaccin SALK du rhésus singe qui était utilisé dans les années 1950 et 1960 contre la polio, et dont les effets sont encore présents aujourd'hui. Vous en êtes sûrement informés, en votre qualité de médecin.
Lorsque vous parlez également des rejets de la transformation des résidus miniers pour en extraire le magnésium, vous citez comme exemple des résidus de silice. Bien sûr, exprimé de cette façon très générale, vous semblez avoir raison. Tel n'est pas le cas cependant : la silice ainsi produite est de la silice amorphe et non de la silice cristalline. Or, la silice amorphe est inoffensive.
Quand vous parlez ensuite de rejets dans l'atmosphère de dioxines et de furanes, cela démontre clairement que vous n'êtes pas au courant des nouvelles technologies qui seront utilisées.
Il est probablement vrai a priori que chaque fois qu'un produit est manufacturé, il peut causer un effet indésirable sur l'environnement. Mais comme dans toute évaluation, il ne faut pas mesurer seulement le négatif. Il faut également mesurer le positif. Par exemple, l'utilisation accrue du magnésium dans l'industrie automobile, engendrera une diminution de l'utilisation de carburant, avec son important corolaire : moins d'émissions polluantes.
Lorsque finalement vous mentionnez que les résidus d'amiante contiennent de 10% à 40% de fibres d'amiante, vous me permettrez d'être fort perplexe face à une telle affirmation.
Ainsi, lors de l'opération des moulins, quand on recueillait 5% de fibres de chrysotile, on se trouvait dans une zone très riche en fibres. Les résidus miniers contiennent très généralement des fibres non industrielles mesurant moins de cinq microns de longueur et 3 microns de diamètre. Ici encore, de nombreuses études scientifiques affirment que ces fibres microscopiques ne sont guère dangereuses pour la santé.
En résumé, pour la plupart des citoyens de Thetford Mines et d'Asbestos, et pour moi plus particulièrement, les résidus miniers sont loin d'être un risque (comme l'a reconnu explicitement le gouvernement fédéral dans son projet de règlement sur l'amiante, reconnaissance à laquelle vous vous êtes opposés). Ils présentent plutôt, gérés de manière sécuritaire et responsable, un potentiel immense de développement économique, social et culturel pour nos régions, et cela pour plusieurs centaines d'années.
Veuillez accepter, monsieur Bonnier Viger, mes salutations distinguées.
SERGE BOISLARD
Citoyen responsable d'Asbestos, ex-travailleur minier à Asbestos durant 44 ans, toujours en bonne santé comme la très grande majorité de mes collègues, surtout les non- fumeurs!